Saint-Benoît


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Les 6 communes présentes dans l'arrondissement de Saint-Benoît :

1. Bras-Panon

En tant que concession destinée à la culture du café, Bras-Panon n'apparaît qu'en 1725. Au milieu du xixe siècle, le quartier qui s'y est créé est rattaché administrativement à Saint-Benoît. Il s'en sépare en devenant commune le 24 février 1882, en intégrant le territoire qui se trouve entre la Rivière du Mât et la rivière des Roches, bien qu'à l'origine, la séparation entre la commune de St André et celle de St Benoît se trouvait au niveau de l'actuelle rue des Limites. En dépit de plusieurs démembrements fonciers, la commune demeure terre de grands propriétaires.

2. La Plaine-des-Palmistes

D'après une première version, toute cette région aurait appartenu avant 1800 à un sieur Chabrier. Puis elle serait devenue, par voie d'échange, la propriété de Hubert de Montfleury qui aurait fait graver dans le lit de la Ravine Sèche une pierre commémorative avec le millésime 1801. Une autre version tirée d'un opuscule de Textor de Ravisi donne une genèse différente : concession en 1749 à un sieur Letort d'un domaine compris entre la Ravine Sèche et la Ravine Saint-François ; entreprise sous sa direction en 1752, de la construction du chemin de la Plaine ; vente le 31 août 1774 par Letort à Desforges de sa concession, laquelle sera de nouveau vendue le 29 novembre 1787 à Pierre Gruchet et c'est la veuve de ce dernier, qui le 12 août 1794, cédera les acquêts Letort à Hubert de Montfleury, Joseph Cavalier Dubousquet et Villeneuve Champierre.
En 1830, un ancien militaire Fleury, sa compagne Alexandrine et un Noir de Hubert de Montfleury s'établissent le long du chemin. Ils sont rejoints l'année suivante par quatre colons de Saint-Pierre, François Collet, Rochetaing, Bazonne et Monvert Gazet, bientôt suivis par Colognon, la famille Guérin et quelques autres.
En 1834, une commission présidée par Patu de Rosemont explore les deux plaines et fait classer le chemin parmi les routes coloniales.
En 1841 eut lieu la construction des nouvelles rampes Letort et en 1847, l'édification du poste militaire de Sainte-Agathe est ordonnée par le gouverneur Graëb. C'est Textor de Ravisi qui sera chargé de cette mission.
Le 4 novembre 1851 est promulgué l'arrêté fondamental qui établit la concession et la colonisation des deux plaines. Cet arrêté du gouverneur Doret prévoyait des déchéances en cas de non occupation, de non construction de maison, etc. et il prévoyait en outre que les trois quarts des terres concédées devaient être consacrées à la culture de graines, fruits et racines alimentaires. Par arrêté en date du 28 août 1865, le gouverneur Dupré accordait les premiers titres définitifs. Deux nouveaux arrêtés du 4 janvier et du 17 mai 1869 du même gouverneur procédaient à un certain nombre de substitutions, tandis que par arrêté du 13 octobre 1871, le gouverneur de Lormel prononçait la déchéance de divers concessionnaires.
En 1857 eut lieu la transformation de l'église dédiée à sainte Agathe en église paroissiale et le 26 août 1859, l'élévation de la Plaine-des-Palmistes en agence municipale. Le cimetière fut créé en 1870 et un arrêté du 12 novembre 1870 fixa à 20 francs le prix du mètre carré. La Plaine-des-Palmistes devint commune en 1899.
Les sources du Bras Cabot furent découvertes en 1870 par Josémont Lauret. Les eaux furent étudiées par le docteur Eugène Jacob de Cordemoy et le conseil général vota un crédit pour l'ouverture d'une piste

3. Saint-André

Cet espace compris entre la rivière Saint-Jean et la rivière du Mât est peuplé dès le milieu du XVIIe siècle. En effet, les premiers exilés sont reclus à Bourbon en 1646 par monsieur PROMIS, gouverneur du Comptoir français de Fort-Dauphin, pour mettre un frein à leurs ardeurs mutines. Débarqués du Saint Laurent, ils sont installés dans le quartier des Français, sur les bords de la rivière Saint-Jean. La région de Saint-André a donc historiquement vu débarquer les premiers Français13.
En 1704, quatre familles sont signalées mais le nombre d'habitants stagne autour d'une trentaine de Blancs et d'esclaves. À partir de 1718, la croissance démographique est amorcée. De nombreuses cultures se développent : thé, café, manioc, tabac, maïs, girofle, riz, vanille et blé. Ces terres fertiles valent à la région l'appellation de « Beau Pays ». Saint-André est avec Sainte-Suzanne un des quartiers du canton Nord-Est (dans le district du Vent, qui rassemble tous les cantons entre Saint-Denis et Sainte-Rose).
Le quartier est érigé en paroisse en 1766. Celle-ci célèbre dans l'enthousiasme révolutionnaire l'élection de sa première municipalité le 3 août 1790. Paradoxalement, la commune de Saint-André est à cette époque l'un des bastions contre-révolutionnaires et le lieu de la contestation des arrêtés de l'Assemblée coloniale de Saint-Denis. Les historiens parlent de « chaos » pour désigner cette « crise saint-andréenne ». Elle atteint son paroxysme avec la disparition de la commune, dont le territoire est partagé entre Sainte-Suzanne et Saint-Benoît.
L'église Saint-André, construite en 1751, est rasée en 1795 sur ordre de l'Assemblée coloniale. Un an plus tard, cette assemblée autorise la reconstitution de la paroisse par arrêtés des 21 et 22 juin 1796. La reconstitution est effective dès 1797 ; la paroisse demeure cependant sans église et sans curé jusqu'en 1817, date de l'arrivée du Père Minot, qui lance la construction d'une nouvelle église (bénie en novembre 1821, consacrée par Mgr Desprez en 1852).
Dans la première moitié du xixe siècle, la région se couvre de champs de canne à sucre, d'usine sucrières et de grandes habitations comptant parmi les plus riches de la colonie. La culture de la vanille se développe également rapidement dans la deuxième moitié du xixe siècle. Après l'abolition de l'esclavage en 1848, cette région de production attire de nombreux travailleurs engagés en provenance du sud de l'Inde, les Malbars. Au début du xxe siècle, la ville compte 10 111 habitants et s'étend sur 5 600 hectares.
De ce fait, la commune bénéficie d'une empreinte et une identité agricoles fortes avec les usines de Bois-Rouge, Ravine creuse, Menciol, Désert, Colosse, marquant le paysage saint-andréen et notamment par la culture et l'industrie de la canne ainsi que celle de la vanille. Saint-André connaîtra la dernière période de détachement de son territoire par la création de la commune de Salazie en 1899 et aura ses contours administratifs inchangés jusqu'alors.

4. Sainte-Rose

Le 16 août 1809, les Britanniques débarquent à Sainte-Rose. Ils sont complètement repoussés par la garde nationale de Saint-Benoît le 25 août. En janvier 1901, le bateau à vapeur britannique Kaisairi, pris dans une tempête, s'échoue près de Sainte-Rose, faisant 23 morts sur les 75 membres d'équipage.

5. Salazie

Dès le xviie siècle, le cirque a servi de refuge, comme les cirques de Cilaos et Mafate, aux Noirs marrons fuyant les propriétés de la côte. La lutte des propriétaires contre ces esclaves marrons, sous la forme d'expéditions punitives, eut pour principale conséquence la découverte du cirque de Salazie. Certaines figures de Noirs marrons laissèrent leur nom à des lieudits : piton d'Anchaing, le Cimandef, plateau Sisahaye, Piton Lélesse, etc. La toponymie dans le cirque est par ailleurs pleine de mots d'origine malgache : Bé-Mahot, Bé-Cabot, Bélouve, Piton Bé-Massoune, piton Bénoune (bé signifiant « grand »). Outre les Noirs marrons, les Blancs apprennent à connaître le cirque, refuge idéal des parias et des assoiffés de liberté. Ainsi, on fait état en 1810, à la suite de l'occupation de l'île par l'Angleterre, d'un pionnier (un certain Louvet) qui s'installa avec deux esclaves sur les bords de la Mare à Poule d'Eau. Cette première implantation fut détruite par le cyclone de 1929. Le cirque de Salazie étant exposé aux fortes précipitations notamment lors des passages des cyclones, de nombreux éboulements et glissement de terrains ont eu lieu. Le plus meurtrier fut celui qui ensevelit le village paisible du « Grand Sable » au pied du Gros Morne en 1875. Le 26 novembre, après plusieurs jours pluies importantes, un pan entier du rempart du Gros Morne s'effondre et environ 20 millions de mètres cubes de roches ensevelissent 17 maisons du village de Grand Sable sur environ 22 hectares, tuant 63 des 65 habitants. Quelques années auparavant, un grand incendie ravagea une partie de Hell Bourg et de Grand Ilet en juin 1869 et fit 67 sinistrés mais aucun mort. L'instabilité des contreforts de la Mare à Poule d'Eau sollicita périodiquement les cantonniers car la route était emportée à chaque avalaison importante. Le plus important éboulement qu'on connaît est consécutif au cyclone Hyacinthe de 1980. Aujourd'hui, le relief tourmenté n'est plus qu'une contrainte. Il est aussi une occasion unique de pratiquer le canyoning. Le 17 septembre 2010 vers une heure du matin, un pan de falaise (10 000 m3 de roches) surplombant la Rivière du Mât s'effondre en face de Cap Picard, sans faire de victimes.

6. Saint-Benoît

L'histoire de Saint-Benoît commence dans la première moitié du xviiie siècle, lorsque les colons de Bourbon, à l'étroit entre Saint-Paul et Saint-Denis cherchent de nouvelles terres pour la culture du café. Les premières concessions furent attribuées entre 1720 et 1730. Les concessionnaires devaient s'engager à « cultiver le vrai café Moka » et à payer chaque année à la Compagnie « 200 livres de riz blanc et 24 poules ». C'est également à cette époque que la zone fut érigée en paroisse par les autorités ecclésiastiques et le gouverneur général. Elle tire son nom de celui de ce dernier, Pierre Benoît Dumas. La commune en elle-même a été créée le 8 septembre 1733. Gratifiée d'un climat ensoleillé et fréquemment arrosé, elle devient vite un paradis pour les cultures les plus diverses : c'est là que Joseph Hubert acclimate les épices rapportées par Pierre Poivre, que prospèrent le manguier d'Inde, le litchi de Chine et plus tard la vanille du Mexique. Le 25 août 1809, la garde nationale de la commune parvient à repousser les Britanniques débarqués le 16 août à Sainte-Rose. Le 11 février 1882, une ligne de chemin de fer liant la ville à Saint-Denis est livrée. La même année, Bras-Panon se sépare de Saint-Benoît pour devenir une commune à part entière. Le 10 octobre 1965, la place du Marché est solennellement baptisée place Edmond-Albius ; trois jours plus tard est inaugurée la piscine du Butor à quelques mètres d'une jetée protégeant un petit port construit en 1960. La mairie est inaugurée le 27 mars 1966 sous le majorat du Dr David Moreau, elle se trouve actuellement à côté de l'église. L'ancienne maternité date du 20 octobre 1960. Dans les années 1960, des avortements et stérilisations non consentis sont pratiqués dans la clinique de Saint-Benoît dirigée par le docteur et maire David Moreau, ce scandale aboutissant en 1971 à la condamnation en appel du docteur Alain Lejade.